Jeudi 25 Octobre 2012.
POUR UN DEBAT SERIEUX ET RESPECTUEUX.
Face aux réactions souvent épidermiques et polémiques que suscite le projet de loi sur le mariage de deux personnes du même sexe, difficile de prendre la parole pour ceux et celles qui souhaiteraient un débat vraiment sérieux et respectueux.
J’aimerais ici apporter ma modeste contribution en me situant du côté du droit des enfants qui risquent d’être les grands oubliés de ce débat d’adultes. Quelques questions se posent:
Sans doute est-il légitime pour certains de vouloir faire évoluer les droits des adultes mais cette légitimité peut-elle avoir pour source la seule volonté particulière lorsqu’il faut légiférer pour le bien d’une société toute entière? Est-il légitime de légiférer pour les uns quand cela peut être au détriment des autres? Est-il légitime de légiférer sur les droits de certains adultes sans se poser la question de ceux des enfants?
A l’époque de la loi Veil, la question s’était déjà posée: Le droit des femmes à l’avortement a été voté sans que l’on tienne vraiment compte du droit des enfants à naître. Aujourd’hui, au moment où se développent plus que jamais les techniques de procréation médicalement assistée, le statut des embryons reste encore des plus flous, conservés qu’ils sont dans leur bonbonne d’azote liquide. L’embryon est-il une personne?... Est-il le fruit d’un père et d’une mère?... Lui donnera-t-on un jour des droits ou bien son statut ne dépassera-t-il guère celui des animaux de compagnie que l’on adopte ou que l’on rejette au gré de nos caprices d’adultes?
Quelle anthropologie mettons-nous en avant quand nous mettons en péril les bases naturelles de la procréation et de la filiation?
Les enfants de demain auront-ils le droit d’avoir un père ET une mère identifiés comme tels?...
Combien sont-ils aujourd’hui qui remplissent les cabinets des psychanalystes et qui souffrent de ne pas savoir qui est leur vrai père ou leur vraie mère et qui disent ainsi leur difficulté à se construire?
Dans le respect, que ces quelques questions posées alimentent - non pas la polémique - mais la réflexion de chacun dans le but de construire un mieux vivre ensemble.
«Etre né quelque part c’est toujours un hasard...» déplorait Maxime Le Forestier dans sa chanson... «On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille... Est-ce que les gens naissent égaux en droit à l’endroit où ils naissent?...» et de terminer:
«Je suis né quelque part!
Laissez-moi ce repère
ou je perds la mémoire...»
La nécessité d’acquérir de nouveaux droits pour les uns risque bien d’agrandir le trou du hasard pour les autres...
Frère Bernard-Marie.